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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 20:39

INTERVIEW DE LA SEMAINE -  Ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'autonomie, Michèle Delaunay appelle les Français à acquérir un "esprit de résistance aux difficultés" et veut se voir comme la "ministre de l'émancipation de l'âge". La "tombeuse d'Alain Juppé" à Bordeaux revient pour le JDD.fr sur la volonté de François Hollande "d'accélérer le rythme du changement". Sa liberté de parole, elle l'assume : "Je ne vois pas pourquoi on interdirait, surtout dans une période un peu difficile, de s'accorder quelques sourires."

La cote de popularité de François Hollande est au plus bas historique dans les sondages. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans sa présidence?
Nous sommes dans une crise historique. Comment voulez-vous qu'il n'y ait pas une désillusion, une inquiétude, un désenchantement? Le gouvernement dans son entier doit se mobiliser pour faire accepter des efforts. J'aimerais que les Français aient en ce moment un esprit de résistance aux difficultés. L'effort doit être commun, partagé à la condition, et là je fais du Jean-Marc Ayrault dans le texte, qu'il soit juste.

François Hollande souhaite légiférer par ordonnances. Que pensez-vous de ce recours?
Dans son intention, il y a, je pense, la volonté d'accélérer le rythme du changement. Les gens nous disent souvent : "le changement, ce n'est pas maintenant". Ils ont cru, et peut être que la formule les y a incités, que l'on gouvernerait par ordonnances dans les trois premières semaines. François Hollande a parfaitement saisi cette impatience et il veut que l'application de ce que nous faisons se concrétise plus rapidement.

Quitte à passer outre l'avis du Parlement?
Il y a des domaines où je pense que cela peut être ni choquant ni délétère.

«Il y a plus d'âgés et moins d'argent»

Les ordonnances pourraient-elles concerner la réforme de la dépendance?
Non. C'est une réforme incroyablement ambitieuse : réformer tout le champ de l'avancée en âge depuis la sortie de la vie professionnelle. Ça demande de faire une loi à caractère exécutif et également une loi d'orientation. Il faut absolument prendre son temps, mais nous ferons en 18 mois ce que les gouvernements précédents n'ont pas fait en cinq ans. La loi sera sur la table avant la fin de l'année 2013.

La réforme de la dépendance avait été abandonnée par Nicolas Sarkozy faute de moyens suffisants. La France en a-t-elle aujourd'hui davantage les moyens?
Non. Ma formule habituelle est de dire qu'il y a plus d'âgés et moins d'argent. Malgré cela, nous ne laissons pas sur le côté notre ambition pour la cause de l'âge. François Hollande l'a dit le 25 janvier dernier à Lille : cette loi sera posée et sa montée en charge sera décidée sur le moment en fonction du contexte budgétaire.

Ne redoutez-vous pas que les marges de manoeuvres financières soient réduites?
Non. Cela a été promis pendant la campagne, affirmé plusieurs fois à Tulle et à Lille par le président, réaffirmé plusieurs fois par Jean-Marc Ayrault. Vraiment, je ne le redoute pas.

Comment financer cette réforme?
Vous n'arriverez pas à me faire dire, ni par la fenêtre, ni par la porte, ce que le président de la République arbitrera au moment de la réforme. Rien n'est décidé si ce n'est qu'on ne passera pas par la piste de l'assurance privée obligatoire. Chaque mesure que nous étudions, nous la soumettons au principe des Auvergnats : à quoi ça sert? Combien ça coûte? Il s'agit d'établir un rapport entre l'utilité pour le redressement dans la justice et le coût pour l'Etat. Nous passons tout à travers ce prisme.

«Ségolène Royal pige les enjeux très vite»

Pourquoi François Hollande, qui promettait 80.000 logements adaptés à la dépendance par an pendant la campagne, est-il passé à 80.000 logements en cinq ans?
Je pense que nous pouvons faire mieux.Maisdes mesures très concrètes sont déjà en place dans certaines villes de France.

Pour réformer le régime général des retraites, le gouvernement doit-il désindexer les pensions et augmenter les cotisations?
Ce n'est pas mon dossier. Les commissions sont au travail. En 1945, l'espérance de vie était d'un an. Une femme de 60 ans aujourd'hui a une espérance de vie de 27 ans. Il y a là une révolution considérable. Je ne peux pas être à la fois une ministre qui parle de cette chance incroyable qu'est la longévité et en même temps exclure par exemple tout allongement des cotisations.

Vous prônez une "révolution de l'âge". Qu'est-ce?
Je ne la prône pas. Elle est là. C'est une révolution complètement nouvelle qui tient en deux chiffres : l'avancée en âge au sortir de la vie professionnelle est de 30 ans en moyenne. Deuxièmement, il y aura 60.000 centenaires en 2050. Absolument tous les champs de la société sont impactés. Je fais extrêmement confiance en ma génération, les baby-boomers, qui sera la première à accompagner massivement ses parents dans le grand âge. Ils ne se laisseront pas surprendre. Je veux être la ministre de cette prise de conscience, de cette émancipation. A nous de jouer, ne soyons pas passifs.

Vous qui êtes proche de Ségolène Royal, souhaitez-vous qu'elle revienne dans le gouvernement?
Je continue à la soutenir, à l'accompagner, je l'ai vue il y a quelques jours. Je suis extrêmement contente qu'elle ait un rôle à la Banque publique d'investissement (BPI), c'est une femme qui a une véritable vision, qui a fait dans sa région des choses que peu de présidents masculins ont fait.Elle pige les enjeux très vite! Je souhaite qu'elle ait un rôle national et là, elle va l'avoir. Ça serait dommage qu'on se prive de son intuition.

Vous êtes très active sur Twitter. Pourquoi?
Les ministres ont eu pour consigne de mettre un très gros bémol sur leur activité. Moi j'ai défendu une position : un âgé qui tweete ne vieillit jamais. Il est démontré scientifiquement qu'une attitude active sur Internet prévient le déclin cognitif. Formidable! C'est un outil de prévention pour toute une génération. 1,3 million de twittos ont plus de 55 ans, ils ont progressé en un an de 100%. Je veux illustrer ça. Deuxième chose, pour quelqu'un qui est dans le champ politique, Twitter est un outil de communication de proximité. Il faut vivre avec son temps. Beaucoup de mes tweets sont des réponses à des gens qui souvent sont fortement désagréables. Nous partageons avec tous les ministres qui tweetent une petite armée d'une cinquantaine de personnes qui sont là pour nous basher.

«Bordeaux n'est pas ma priorité»

Certains de vos tweets ont fait polémique. Vous assumez ce style?
Je revendique quelques tweets d'humour.Je ne vois pas pourquoi on interdirait, surtout dans une période un peu difficile, de s'accorder quelques sourires. Prévert disait : "Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple".

Vous semblez avoir la parole libre et vous utilisez souvent un ton décalé. N'est-ce pas gênant pour une ministre?
Notre gouvernement a compris que nous devions incarner notre politique. C'est une politique très attentive aux Français, de proximité, qui a de la chair. C'est une politique qui leur veut du bien, chaleureuse. Ce n'est pas mauvais de l'incarner. Mes collègues qui s'étaient un peu tempérées se sont remises à tweeter.

Finalement, votre engagement politique est récent. Vous avez intégré le PS en 2002. Etre ministre était-il un but en soi?
Pas du tout. Ça a été une surprise jusqu'au dernier moment. Je n'ai pas du tout fait la campagne dans l'aura de Hollande. J'ai fait ma campagne de terrain.En 2004,on m'avait proposé de me présenter à des élections totalement ingagnables dans un canton à droite depuis 60 ans. Je me suis présentée avec un espoir de gagner loin d'être majoritaire, pour le dire pudiquement. Et j'ai gagné, donc les ennuis ont commencé! Après, je me suis présentée contre Alain Juppé aux élections législatives de 2007 et puis j'ai gagné. C'est un grand bonheur pour moi car je n'ai jamais été dépendante de la politique.

Avez-vous envie d'être candidate aux municipales de 2014 à Bordeaux?
Je ne dirai pas que ça ne soit pas une interrogation mais ça n'est pas une priorité. Nous allons faire des sondages. Vincent Feltesse (son suppléant à l'Assemblée nationale, Ndlr) est un excellent candidat qui a le mérite d'être très inscrit dans la politique bordelaise puisqu'il est président de la communauté urbaine et député. Je vais m'entretenir de tout cela avec le Premier ministre et le président mais je pense que c'est un bon équilibre que nous ayons deux rôles différents et complémentaires. La question de ma candidature ne me paraît pas être l'option favorable.

La ville de Bordeaux est très ancrée à droite et semble peu gagnable pour la gauche…
Elle l'est, comme la circonscription l'était. Personne ne m'aurait donnée gagnante. Il n'y a de combats perdus que ceux qu'on n'a pas menés.Il faut que le jour du résultat, on se dise : "On a fait tout ce qu'on pouvait."

La vidéo "Delaunay vue par Michèle" :


Vivien Vergnaud et Caroline Vigoureux - leJDD.fr

vendredi 15 mars 2013

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