Menacé de boycott par les associations de parents de handicapés après une campagne marketing d’un goût douteux, le groupe agroalimentaire Bel reconnaît sa faute et présente ses excuses.
Claire CHANTRY |
« Bel est tout prêt à reconnaître que ce message est extrêmement maladroit et fait ses excuses aux handicapés, nous a indiqué hier le directeur général, Etienne Lecomte. Il y a eu clairement de notre part un manque de vigilance, et une enquête interne est en cours pour savoir qui est à l’origine de ce raté, même s’il est clair que le concepteur n’a pas eu l’intention de nuire. » Le responsable a aussi tenu dans la journée à formuler des excuses « privées » à l’association, avant d’ajouter : « On est très sensibles au problème. Dans nos usines, nous avons un taux important de personnes handicapées. »
« Face à cette bavure, on a arrêté cette campagne de publicité sur ces produits, et le reliquat dont on disposait a été jeté, assure le directeur. Il est trop tard pour faire un retrait des marchandises dans les rayons, mais il en reste assez peu, et le message ne sera plus visible longtemps. »
Peur du boycott ou sincère repentir? Le fait est que la réponse ne s’est pas fait attendre, après le coup de gueule lancé ce lundi par l’association. « Il faut arrêter d’utiliser des mots qui ne correspondent pas à la réalité. S’adresser ainsi aux enfants, consommateurs captifs de ces produits, sur des supports quasi pédagogiques que sont les tampons encreurs est un fait grave. Ils peuvent se sentir autorisés à reprendre cette terminologie face à un petit déficient intellectuel », s’indigne Christel Prado, présidente de l’Unapei. « On n’imagine pas les dégâts que cela peut occasionner. Sur Facebook, les internautes se servent déjà du message du Babybel Des vacances de… pour discriminer les homosexuels. Cela va à l’encontre du discours qu’il faut faire passer à la société : Tous ensemble même différents.»
Derrière cette offense, la représentante voit là une nouvelle blessure infligée aux handicapés mentaux. « La déficience intellectuelle fait l’objet d’une discrimination qui n’est pas poursuivie de la même façon que le racisme ou l’homophobie. Le Code pénal prévoit certes des peines en cas d’injures publiques de ce type, mais les victimes ont par définition moins les armes pour réagir. » Pour l’heure, l’Unapei n’entend pas porter plainte contre Bel, mais enverra des vigies sur le terrain grâce à ses 600 associations membres, afin qu’elles signalent toute discrimination faite à l’encontre des handicapés. Et les excuses publiques du groupe devraient mettre fin au boycott des fromages.
Le Parisien