« C’est un métier émergent », explique Corinne Hugon, chargée de mission au Conseil national de l’enseignement agricole privé (Cneap). En termes moins pudiques, on parlerait d’un métier qui ne court pas les rues. Joli paradoxe, puisque l’on parle du garde itinérant de nuit, l’une des déclinaisons du métier de surveillant visiteur de nuit (SVN). Ce titre professionnel n’existe que depuis trois ans, ceci expliquant sans doute cela.
Le SVN exerce soit en établissement (structure d’hébergement ou de soins), soit au domicile des particuliers. C’est ce second cas de figure qui nous intéresse ici. La veille debout et itinérante (par opposition à la veille couchée et statique) semble une pratique encore peu répandue en France. On la rencontre surtout à titre expérimental.
C’est le cas dans le Maine-et-Loire, suite à une initiative de l’ADMR du Pays douessin. Basée à Doué-la-Fontaine, l’association couvre sept communes. Elle compte plus de 350 clients, une vingtaine de bénévoles et 70 salariés. Parmi eux, 11 aides à domicile ayant reçu une formation d’auxiliaire de vie forment l’équipe de GIN (garde itinérante de nuit). « Il existe en fait deux équipes qui tournent toute la nuit, 365 jours par an, détaille Nathalie Barnéoud, la présidente de l’ADMR locale. Nous avons lancé ce service en décembre 2006 pour répondre à des demandes de coucher tardif. » Les intervenantes assurent aussi le lever tôt le matin, effectuent des passages de sécurité chez des personnes seules et isolées, changent celles qui ont besoin de l’être au cours de la nuit, et répondent aux appels de la téléalarme.
« Le temps d’intervention dure une demi-heure environ,précise Nathalie Barnéoud, à raison d’un ou deux passages par nuit. » Le service est assuré de 19 h 30 à 6 heures du matin, avec une pause après minuit. Une quinzaine de personnes bénéficient de ce service : des personnes âgées, handicapées, souffrant de pathologies lourdes ou même en fin de vie. « La garde itinérante de nuit contribue au maintien à domicile de certaines personnes. C’est une alternative à l’hospitalisation ou au placement en maison de retraite, souligne la présidente de l’association. Nous travaillons d’ailleurs en relation avec les réseaux de soins palliatifs et d’hospitalisation à domicile. » Une cinquantaine de personnes sont également concernées par la téléalarme.
Il n’est pas non plus évident de trouver des volontaires pour assurer la GIN. La nuit crée une ambiance particulière, qui a toutefois ses bons côtés, puisqu’elle permet de tisser des liens plus intimes avec les clients. Les onze aides à domicile du Pays douessin font en général une nuit par semaine, deux pour certaines. On leur compte cinq heures de travail effectif, auxquelles s’ajoute « une demi-heure de mallette » qui consiste à passer et recevoir les consignes et à préparer le matériel (clés des domiciles visités, GPS, torche électrique, téléphone portable). Elles sont aussi défrayées pour leurs frais kilométriques - une centaine de kilomètres par nuit. Et au regard du droit du travail, elles peuvent reprendre leur travail de jour que le surlendemain.
En tout cas, « la demande est en augmentation », observe Nathalie Barnéoud. Deux autres associations locales de l’ADMR proposent un service de GIN en Maine-et-Loire depuis juin 2010, en attendant que d’autres les imitent.
Une formation adaptée Il existe une formation dédiée à ce métier encore peu pratiqué. Il s’agit d’un diplôme de niveau CAP/BEP intitulé “surveillant visiteur de nuit en secteur social et médicosocial”, SVN pour faire court. Il est délivré par l’enseignement agricole privé. Pour Monique Bosquain, responsable de la professionnalisation à l’ANSP, il est évident qu’il y a des places à prendre. « Dans le secteur des services à la personne, on dénombre 63 titres professionnels différents. On souhaite que tous soient utilisés. Cela permet à un organisme de diversifier son activité et d’offrir des services supplémentaires à ses clients. » Pour obtenir une description complète du métier et de ses voies d’accès : http://www.servicesalapersonne.gouv.fr/surveillant(e)---visiteur(e)-de-nuit-en-secteur-social-et-medico-social-(89652).cml www.cneap.fr/svn |